Une maison sur roues

Elle est là : prête à partir.

Pour un peu moins de 8 000€ – 4300€ pour le van en lui-même, et moins de 3500€ pour l’aménagement, je possède désormais une véritable maison. Son plus ? Elle est roulante.

D’abord Renault Master II L3h3 (année 2007), irys est dorénavant un p’tit havre de paix qui me correspond à tout point de vue. Certes, elle ne comporte ni douche, ni cuisine fixe, ni large réservoir d’eau, mais elle à ma taille – ni trop grande, ni trop petite : à mon image.

C’est marrant, ce moment où vous emménagez “chez vous”, non ? Vous sortez toutes vos bricoles de vos gros sacs de courses (empilés depuis des semaines dans l’attente de leur nouveau lieu de résidence), puis vous les bougez les uns après les autres jusqu’au moment où enfin, chacun a trouvé sa place. Alors, vous les fixez – longtemps, et petit à petit, objet par objet, l’espace devient ce “chez vous” auquel vous êtes si attaché·e.

Un « chez soi » véritablement à soi

Jusqu’à présent, je n’avais jamais eu de “chez moi”. Du moins, jamais tout à fait. J’ai toujours vécu chez les autres : chez mes parents, en location chez mon propriétaire, chez mes parents à nouveau, puis en wwoofing chez des hôtes… Jamais pleinement chez moi, occupant des espaces qui ne m’appartenaient pas.

Et bien sûr, on peut sans doute se sentir “chez soi” dans un endroit qui ne nous revient pas totalement. Mais pour ma part, j’ai sans cesse eu cette peur de tout perdre, de devoir tout à coup partir sans nulle part où aller, voire même de parfois devoir rester parce que je n’avais nulle part où aller.

Ce besoin d’avoir une porte de sortie, constamment avec moi, j’en parle dans cet article.

Cette fois, j’habite un champ qui n’appartient qu’à moi – à moi et aux trois petites bêtes qui partagent ma vie (parce qu’irys est autant à elleux qu’à moi).

Puis, ce n’est pas uniquement une maison, c’est également un lieu d’activité ; un moyen de faire des rencontres, de créer des liens – artistiques ou non.

C’est aussi ce qui renforce le côté “chez soi”. Dans tous les espaces que j’ai occupés, je n’ai jamais eu “de zone de travail”. Alors oui, irys c’est 6m2 dans lequel se partagent : chambre, salle à manger, bureau, mais chaque zone est, d’une certaine façon, indépendante des autres. Lorsqu’il est temps qu’irys devienne une pièce où dormir, on range la table, on déploie le lit. Lorsqu’il faut qu’irys adopte le rôle de salon/cuisine, le lit est, cette fois, replié, et la table de sortie, avec le réchaud à gaz pour préparer le repas. Et lorsqu’il est l’heure de créer, les espaces sont modulables : à table, sur le lit (en forme banquette), dans le studio d’enregistrement… ou pourquoi pas, dehors ?

Je ne prétends pas que c’est facile tous les jours, bien au contraire. Surtout pour quelqu’un qui, comme moi, supporte assez mal le désordre. Il y a toujours du linge qui traîne, des verres qui cassent si laissés sur le plan de travail en attendant la vaisselle, les jouets des chats dans le passage, des placards en vrac après cinq minutes de voyage. Et pourtant, quand tout est à sa place – les livres dans la bibliothèque, les chaussures dans le coffre banquette, et les boîtes de thé et café sur les étagères, irys devient un véritable cocon. Et l’avantage, c’est tout de même plus rapide pour faire le ménage !


mini bio :

Derrière Poetry Trip, on trouve Timothée Cueff, auteur et poète slameur aux envies d’aventures. Depuis 2023, il parcourt la France et l’Europe en quête de poésie, à bord de son van aménagé, irys.

Timothée Cueff

writing & slam poetry • currently living in Ireland

https://timotheecueff.com
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