Faux départ

JOURNAL DE BORD
DU FAUX DÉPART

  • 07/11, 10h00 : Je bouge dans tous les sens afin de préparer le grand départ que j’attends depuis des mois.
    Irys est enfin prête : les sièges avant sont nettoyés, le panier de Ty’Ruby également, le bac à sciure rempli, la litière des chats rachetée, les vêtements sont triés, le réservoir d’eau est plein et fixé… Bref, tout est à sa place pour un départ le lendemain matin, mercredi 8 novembre, direction le Lot !

  • 07/11, toujours, 12h00 : Tout va bien. Le petit stress du départ grouille à l’intérieur des veines, mais surtout, l’anticipation du saut dans l’inconnu.

  • 07/11, 14h30 : Soudainement pris de vertiges, je suis contraint de m’allonger.

  • 08/11 : Les vertiges ne passent pas ; je tiens à peine debout. Il est évident que le départ doit être repoussé.

  • 09/11 : Petit passage sympathique aux urgences (cf. la photo toute mignonne juste au-dessus) et annonce du verdict.

Vous savez ces moments où tout est prêt ? Les valises sont faites, les placards sont fermés, vous trépignez d’impatience, et puis : pouf.
Finalement, votre corps vous annonce : “Non, tu ne pars pas.”

Et oui, parfois souvent, la vie a une drôle de manière de vous indiquer qu’il est temps de ralentir la cadence. C’est frustrant, surprenant, et on aurait tendance à vouloir l’ignorer (la fameuse phrase, “une journée de repos et ça repart”). Mais quand “ça ne repart pas”, qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’avons-nous d’autre à faire ?
Se rendre à l’évidence : quand votre organisme vous dit stop, vous stoppez, point.

Le jeudi 9 novembre, le verdict tombe : interdiction de conduire tant que mon état n’est pas revenu à la normale.

Croyez-moi, je déteste ça. Après tout, ralentir n’a jamais été mon truc. Vous vous en êtes peut-être déjà rendu·e compte si vous me suivez depuis un certain moment, mais quand je décide quelque chose, je veux que ce soit “maintenant, tout de suite.” Et à celleux qui me pousseront à prendre le temps, à prévoir, à agir avec prudence, c’est simple : je ne vous écouterai pas.

Alors, vous allez sans doute me dire : ”La vanlife, c’est pas précisément ne pas courir ?” Très exactement, oui.
Freiner dans mon quotidien, ça va ; freiner dans les projets que je monte, c’est une autre histoire.
Un livre à peine terminé ? D’accord, j’ai déjà entamé le second, et le troisième, depuis deux ou trois mois.
En parlant de bouquin, t’en es où Tim, sur ton roman ? Ah ! Ça avance, mais je travaille également sur un premier EP et sur une série de courts-métrages. Oh, et là j’ai commencé autre chose : l’aménagement d’un van pour en faire un espace culturel. Comment ça, c’est trop ? La liste est longue. J’ai aussi deux nouveaux textes sur le feu, des notes pour un EP en anglais, une…
Bref, vous avez compris l’idée.

Donc, lorsqu’on m’a demandé de rester couché sur un canapé pendant deux semaines dans l’attente de “voir comment la situation évolue”, on peut difficilement affirmer que j’ai bien pris l’affaire, vous vous en doutez.

En même temps, ça m’a permis de me concentrer sur des choses que, jusque là, je n’avais pas été en mesure de gérer : ce site internet, la communication, la mise en forme de prestations…
Est-ce que j’en ai marre ? Oui, complètement.
Est-ce que je souhaite que cela s’arrête ? Définitivement.
Est-ce que cela m’a été bénéfique ? Jusqu’à présent, pas vraiment.
Mais est-ce que cela ne vient-il pas dire quelque chose d’important, à l’amorce d’un voyage comme celui que je m’apprête à faire ? Assurément.

Dans mon cas, il a fallu qu’un sentiment continu de déséquilibre perturbe ma tête pour me rappeler les raisons qui me poussaient à partir : le stress quotidien, l’incessant besoin de se presser, les heures passées à éviter l’ennui, la peur du silence quand il se fait trop présent (rien que deux minutes), les réveils constants du monde autour de nous qui nous supplie d’aller plus vite, toujours plus vite, et pourquoi ? Pourquoi ne pas tout quitter et, simplement, prendre le temps ?

mini bio :

Derrière Poetry Trip, on trouve Timothée Cueff, auteur et poète slameur aux envies d’aventures. Depuis 2023, il parcourt la France et l’Europe en quête de poésie, à bord de son van aménagé, irys.

Timothée Cueff

writing & slam poetry • currently living in Ireland

https://timotheecueff.com
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